jeudi 26 novembre 2015

Parce que parfois les mots font du bien...


Ce n’est pas de la grande écriture mais un besoin d’extérioriser toute cette noirceur que l’on vit ces derniers temps. Notre monde devient fou mais j’aime toujours y vivre car la liberté, notre liberté est la plus belle des réponses à cette barbarie.

Le jour d'après

Un vendredi soir parmi tant d'autres, je rentre chez moi, dans mon cocon car la fatigue de la semaine s'empare de moi. Et je dois avouer que la nuit tombant ne me motive pas à sortir. Assise devant ma petite lucarne, je rêve à un monde meilleur. Enfin, je lis et ceci me permet de me transporter dans un autre endroit, de m'imaginer une autre vie. La tête dans les nuages, je souris à la vie, en pensant aux personnages de mon livre. Le regard dans le vide, je m'imagine loin. En fond, 22 sportifs s'amusaient à courir derrière un ballon rond pour un match amical. Je me moquais sincèrement de ce match mais ma moitié voulait le voir. C'était face au champion du monde en titre (waouh magnifique !).

Tout à coup, un bruit sourd vient jusque mes écoutilles. Je ne sais pas pourquoi mais je pense à un feu d'artifices, une tribune qui s'écroule et comme les commentateurs ne relaient pas l'info, je me dis finalement que ce n'est pas si grave. Je continue ma petite vie, le nez dans mon livre et une oreille sur la lucarne. Et ô miracle, l’équipe de France marque un but! Le stade fête cette belle réussite et bien que je ne sois pas fan de foot, j'aime voir ces scènes de liesse, de communion. J'ai toujours pensé qu'il n'y avait que dans le sport qu'on pouvait voir ça mais la triste réalité m'a démontré le contraire. Le match continue et de mon côté, je finis mon livre. Ce n'est pas de la grande littérature mais ça change l'esprit. Je veux attaquer le tome suivant quand un deuxième bruit sourd transperce la télévision. Et là, d'un coup, une immense peur m’envahit. Mon ami s’arrête car ce bruit l’inquiète aussi. Il n’y a que le chat qui s’amuse avec sa peluche qui vole à travers la pièce. Nous, on est comme momifiés. Je ne sais pourquoi, mais avec cette seconde explosion, mon cœur s’emballe, l’inquiétude augmente. Nous sommes entrain de manger lorsque nos smartphones s’allument annonçant une fusillade dans Paris. Mon cœur s’arrête de battre et tout de suite je pense à mes amis de Paris ou de la région parisienne. Je leur envoie un petit SMS pour savoir si tout va bien. Par chance, ils me répondent et pour certains, je leur apprends même l’horrible nouvelle. Je regarde les chaines d’info mais je ne comprends pas, une fusillade, une deuxième, une troisième, une prise d’otage. J’ai l’impression de visionner un film. Ce n’est pas un film, c’est la réalité. Il parle du Bataclan et j’imagine, ou plutôt j’essaie d’imaginer, l’horreur que les parisiens vivent. Mes yeux ne quittent pas la lucarne et les informations tombent : 12 morts, 18… Le bilan s’alourdit mais le pire reste à venir. Pour être au plus proche de l’information, on met notre canapé en lit et on regarde jusque tard dans la nuit le suivi des opérations. Vers 3h du matin, Morphée m’accueille dans ses bras avec le tigre tout contre moi, comme s’il savait que quelque chose de grave se passait. La nuit fut mouvementée car mon cerveau refaisait ma journée, une journée noire, sanglante.

Dix jours auparavant, on se promenait dans ces quartiers avec mon chéri. On a été à un concert de rock. On a pris la ligne 5 du métro qui s’arrête Boulevard Lenoir. On voulait descendre pour aller voir « Charlie » mais la fatigue nous a eu alors, on est rentré. Bêtement, on se dit « et si ça avait été nous… ».

Le réveil à la lueur du jour est agréable. On est samedi et il fait beau. Mais, cette sensation de cauchemar redevient réalité. Je ne suis pas dans mon lit et c’est bizarre. Et je me rends compte que oui cette horreur est devenue réalité. Les infos annoncent 129 morts dans les attaques. Ce bilan est une horreur. 89 personnes décédées au Bataclan : un carnage. A travers le monde, les couleurs BLEU BLANC ROUGE éclairent les monuments, les maisons, les fenêtres. Notre hymne prend tout son sens et on se retrouve tous derrière les valeurs de la République, de notre République. Je suis touchée mais pas coulée et je découvre la devise de Paris : Fluctuat nec mergitur / Il est battu par les flots, mais ne sombre pas. C’est exactement ce que je ressens et ce que les français ressentent. Oui nous avons été touchés mais on ne sombrera pas. On se battra avec nos armes que se soit des bougies, des fleurs, des chansons, des marches, de la solidarité. Ils ne gagneront pas.

Petit à petit, les premières photos de personnes disparues circulent sur les réseaux sociaux. Je relais en me disant « si je peux aider » et les premiers noms des disparus apparaissent. Je me prends d’affection pour un petit couple de Reims. Ils sont si beaux sur leur photo avec de magnifiques sourires. J’essaie de chercher pour savoir s’ils sont vivants. Hélas. Je garde en tête de nombreux visages comme celui d’une jeune fille de 17 ans. Hélas. 129 hélas. Les noms des victimes retentissent dans ma tête. Les premières interviews racontant ces évènements sont diffusés. Les rescapés, les forces de l’ordre, tous ceux présents pendant ces heures sombres racontent. Il y a 10 mois, une solidarité sans précédent s’était mise en place après « Charlie » et « l’Hyper Cacher ». Aujourd’hui, une solidarité avec précédent refait surface, une union, un amour inonde notre beau pays malgré les attaques de fous sans cœur. A la haine et la violence, nous français, nous répondons avec l’amour et le respect. Personne ne pourra nous enlever cette force PERSONNE pas même une bande d’extrémiste qui ose dire que c’est leur dieu qui veut ça. Dieu a bon dos et il doit être bien malheureux de voir les agissements de ces c*******. Comme le dis si bien un homme qui a perdu sa femme, «non ils n’auront pas notre haine ». Ils ont juste réveillé la France.

Parait-il que la vie doit continuer. Alors on reprend la route du travail avec le cœur lourd et l’esprit ailleurs. Ce lundi fut compliqué. Puis, je retrouve certains amis pour la minute de silence. Que cette minute fut compliquée et la Marseillaise qui suivait aussi. Je chante toujours l’hymne français car je suis fière de ma nationalité mais ce lundi, je n’ai pas pu. La gorge serrée, les yeux humides mais voir les gens se tenir la main me conforte dans l’idée qu’il y a encore du bon et que c’est là qu’il faut aller chercher pour battre ses personnes. Alors oui, je continue de vivre ou du moins j’essaie. Je dis au gens que j’aime que je les aime. Je continue de prendre la route du travail aussi dure soit elle mais comme le 7 janvier dernier, je pense aux victimes et à leurs familles. C’est bête mais je me dis que Noël sera triste cette année mais je profiterai des miens quoiqu’il arrive. Et quoiqu’il arrive, je vivrais car 129 personnes sont mortes pour rien sous les balles de barbares.

Comme pour « Charlie », je me rendrais dans quelques jours sur les lieux des attentats pour y déposer des bougies et/ou des fleurs car par chance, je n’ai aucune personne proche tombée sous les balles mais leurs histoires me touchent.

Aujourd’hui, 130 anges veillent sur nous et je ferais tout pour ne pas qu’on les oublies et pour faire en sorte de vivre.


Sweety

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